Cycle Numérique | La recommandation culturelle: Journée de remue-méninges et de constructions d’alternatives non-marchandes

April 24, 2017

Dans le cadre du cycle de conférences "Pour un numérique critique et humain", une journée d’ateliers est organisée le 24 mai autour du double objectif: découvrir quels outils logiciels et solutions numériques indépendantes utiliser, face à la force de la recommandation algorithmique, pour reprendre la main.

Dans le cadre du cycle de conférences "Pour un numérique critique et humain", une journée d’ateliers est organisée le 24 mai autour du double objectif: découvrir quels outils logiciels et solutions numériques indépendantes utiliser, face à la force de la recommandation algorithmique, pour reprendre la main.

D’Antoinette Rouvroy à Eric Sadin en passant par Milad Doueihi ou Dominique Cardon, tous s’accordent pour reconnaître aux algorithmes un pouvoir de prescription comportementale de plus en plus prégnant. Ils sélectionnent et trient l’information, nous suggèrent de nouveaux amis, recommandent de nouveaux spectacles ou de nouvelles lectures, nous suggèrent certains achats, surveillent notre santé et vont bientôt conduire nos voitures. En résumé, ils construisent une certaine vision du monde, de la culture, de l’information et des loisirs.

Le philosophe Bernard Stiegler compare ainsi nos tweets sur Twitter, nos publications sur Facebook et nos recherches sur Google à autant de marqueurs chimiques. À l’instar des fourmis utilisant des phéromones pour communiquer et s’organiser, nous laissons sur la toile des traces qui permettent d’observer nos faits et gestes en ligne. Il existe pourtant des alternatives qui, comme le suggère Milad Doueihi dans sa figure de l’humaniste "geek éclairé", nous permettent de produire, partager et transmettre le savoir dans le respect des libertés (numériques) et de la vie privée. C’est le propos du libre, des logiciels et de la culture libres. Ces "briques" open source ne pourraient-elles pas servir de base au secteur non marchand de la culture pour la mise en place d’un réseau collaboratif de recommandation culturelle "plus critique et humain" permettant de s’émanciper du pouvoir de recommandation prescriptive de type algorithmique?


En partenariat avec PAC, Cesep, Centre Librex, Culture & Démocratie, Gsara, Action Ciné Média Jeunes, Concertation des centres Culturels bruxellois, Revue Nouvelle.



PROGRAMME

  • 09h30-10h00
    Introduction et articulation de la journée avec le cycle de conférences, par Pierre Hemptinne

  • 10h30-11h00
    La petite fabrique de projets
    En France, l’initiative la petite fabrique de projets "Arts, culture(s) et actions sociales" portée par l’association L’Office a visé à réunir plusieurs communautés afin créer des outils pour aider les acteurs culturels et les travailleurs sociaux à partager leurs savoir-faire et à collaborer, favoriser. En ce sens l’Office a sélectionné différents outils, dont les briques Framasoft, pour construire un outil de mise en réseau et de partage d’expériences. Comment s’en inspirer?
  • 11h30-12h30
    Cartographie culturelle et réseaux sociaux alternatifs
    Présentation d’outils numériques qui permettent de cartographier des territoires (villes, campagne), de partager des ressources autour des arts et des cultures numériques, de créer des outils de narration cartographique, de mutualiser des interventions socioculturels sur ces territoires. Par exemple, par l’usage collaboratif d’OpenStreetMap, une carte du monde libre d’utilisation (licence libre). Présentation d’alternatives en termes de réseaux sociaux : FramaSphere, FramaTeam,… Après une démonstration pratique, plusieurs retours d’expériences, des utilisations de terrain.
  • 12h30-13h30 | Pause
  • 13h30-16h30
    Quelle faisabilité pour un réseau de recommandations culturelles* plus critiques et humaines?
    L’après-midi est consacrée à une dynamique d’ateliers. L’objectif est de dégager des pistes de travail à mettre en place dans la foulée de la journée. Par exemple définir un projet qui serait mis en chantier ensemble, à titre d’expérience collective. Les travaux en atelier se basent sur : "comment créer ensemble un réseau de recommandation culturelle plus critiques et humaines". Les participant-e-es décident ensemble des thématiques traitées en sous-groupes. Il s’agira d’examiner quelles appropriations des outils présentés en matinée peuvent être concrètement envisagées: à savoir quelle narration cartographique collective à partir d’OpenStreetMap ? Comment créer une transversalité spécifique, entre opérateurs culturels, via les réseaux sociaux alternatifs ? Comment la tester dans une réalisation concrète à dimension "pilote"?
*Dans le cadre de cette journée et du cycle « pour un numérique humain et critique », la recommandation culturelle est approchée de la manière suivante:
La place prépondérante des outils numériques produisant du conseil enferme la recommandation culturelle dans un circuit court illustré par la célèbre formule: "si vous avez ceci, vous aimerez aussi…". Ce qui instaure un circuit d’équivalences entre les produits consommés. C’est le règne de l’algorithme et c’est très utile jusqu’à un certain point.
En tant qu’opérateurs socioculturels d’éducation et de médiation, nous ne pouvons accepter que les mécanismes de recommandation qui déterminent la circulation et la répartition des biens culturels, matériels et immatériels, dans une société, s’inscrivent ainsi dans une logique qui livrent les préférences des uns et des autres au mesurable, au marchandisable. Il faut au contraire ouvrir le jeu, élargir le champ des expériences culturelles possibles, susciter les bifurcations et les surprises. Dans cet esprit la recommandation culturelle est pensée comme une dynamique qui facilite l’émergence de communs de la culture. L’objectif d’une telle recommandation culturelle est qu’une part significative des pratiques individuelles et collectives contribue à forger des sensibilités qui investiront créativité et imaginaire dans un projet de société à la hauteur de ses enjeux majeurs: le changement climatique, égalité entre les genres, une répartition équitable des richesses… C’est une manière d’actualiser, selon les contextes politiques et technologiques, les valeurs de base du secteur culturel (émancipation, esprit critique, mise en commun).